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Bénin – Défilé du 1er août: Talon invite deux membres de l’alliance du Sahel

Le président Patrice Talon invite deux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) à prendre part aux festivités du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Bénin. Une main tendue qui, sans renier les différends passés, mise sur une relance prudente du dialogue.

DIPLOMATIE
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Un peloton de la Garde nationale lors d'un défilé militaire
Un peloton de la Garde nationale lors d'un défilé militaire. @Présidence du Bénin
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C’est le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, qui en a fait l’annonce : le Bénin convie des représentants de deux régimes sahéliens à sa fête nationale. Si l’on en juge par le contexte, l’initiative dépasse largement le cadre protocolaire. Elle incarne un choix stratégique clair : celui d’un rapprochement malgré les tensions, d’une coopération relancée face aux urgences sécuritaires communes.

Depuis plusieurs mois, le président béninois multiplie les signes d’ouverture. Des émissaires ont été envoyés à Niamey, des lettres officielles adressées au général Abdourahamane Tiani, à la tête du CNSP. Les réponses se font encore attendre, mais le Bénin insiste. Il refuse de rompre le dialogue, même ténu, même unilatéral. Car derrière cette persistance diplomatique se cache une vérité que nul ne peut ignorer : les menaces qui pèsent sur les États de la région transcendent les querelles politiques. Le terrorisme, lui, ne connaît pas de frontières idéologiques.

Le nord du Bénin, confronté à des incursions terroristes répétées, en est une illustration douloureuse. Et dans cette guerre asymétrique, la coordination régionale n’est pas un luxe diplomatique, c’est une nécessité vitale.

À cet égard, l’invitation lancée aux pays de l’AES ressemble à une tentative de bâtir, sur les ruines du dialogue institutionnel, un socle minimal de coopération sécuritaire. Un pari lucide, voire urgent, à l’heure où les lignes de front ne se dessinent plus entre États, mais entre peuples et menaces invisibles.

Bien sûr, tout cela intervient dans un climat régional tendu, voire délétère. Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, les relations entre Cotonou et Niamey ont dégringolé : frontières fermées, accords suspendus, accusations croisées.

Avec le Burkina Faso, les tensions sont également palpables. L’AES, regroupement militaire né d’un rejet des pressions internationales, semble incarner une volonté de rupture avec l’ordre sous-régional existant. Le Bénin, quant à lui, reste solidaire de la CEDEAO et de son attachement à l’ordre constitutionnel.

Mais en invitant ses voisins sahéliens à célébrer avec lui l’indépendance, le Bénin cherche à rappeler qu’au-delà des postures politiques, la géographie impose une solidarité de destin. Le Sahel n’est pas un bloc monolithique, et la crise sécuritaire qu’il traverse appelle des réponses qui dépassent les antagonismes idéologiques.

Reste à savoir si cette ouverture trouvera une oreille attentive. L’acceptation ou non de cette invitation en dira long sur la capacité des régimes sahéliens à réengager une forme de dialogue, même symbolique.

Dans l’intervalle, le geste de Cotonou demeure. Discret, mais lourd de sens. Une diplomatie du geste, sans éclats, mais avec une portée stratégique certaine.

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