Le vendredi 4 juillet 2025, la ville de Lokossa a accueilli la présentation officielle de l’exercice militaire « Opération Bouclier ». Dirigée par le lieutenant-colonel Adanmansou Valère, cette opération d’envergure, pilotée par la Garde nationale, vise à renforcer la sécurité dans les départements du Zou, du Couffo et du Mono, récemment identifiés comme zones sensibles à la montée des groupes armés terroristes.
Lors de sa prise de parole, le directeur de l’exercice a dressé un état des lieux préoccupant de la situation sécuritaire au Bénin et dans la région ouest-africaine. Selon lui, la recrudescence des attaques et l’expansion des réseaux affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique menacent désormais directement le territoire béninois. Plusieurs événements récents, dont l’intensification des activités terroristes signalée par les services de renseignement et des attaques ciblées contre les forces de l’ordre, illustrent ce nouveau contexte.
Durant le mois de mars 2025, les services de renseignement nationaux ont révélé une intensification de l’activité terroriste dans les départements du Mono, du Couffo, du Zou, du Plateau et de l’Ouémé. Ces activités sont le fait de cellules armées mobiles affiliées à un groupe terroriste transfrontalier, dont certains éléments proviennent du nord du pays, infiltrés via des filières clandestines, à travers les lianes et les forêts denses du centre du Bénin. Plusieurs autres événements déclencheurs ont conduit à la décision d’engager cette opération de grande ampleur.
Entre mai et juin 2025, les départements du Mono, du Couffo, du Zou, du Plateau et de l’Ouémé ont connu une multiplication des incidents. Patrouilles attaquées, convois suspects interceptés, et attaques contre des postes de police républicaine. Ces faits, combinés à l’infiltration de groupes armés venus du nord du pays, justifient la mobilisation d’une opération militaire d’ampleur.
Ainsi, le 27 mai 2025, une patrouille conjointe des Forces armées nationales a été prise à partie dans l’arrondissement de Tobi-Kpèkpè. Le 5 juin 2025, il y a eu interception d’un convoi suspect à proximité d’Apomè, révélant ainsi une préparation offensive imminente. Le 12 juin 2025, une attaque contre un poste de la police républicaine à Kétou a entraîné la mort d’un policier et blessé un autre. Par ailleurs, on note une propagation de rumeurs d’enrôlement forcé et de trafic de caprins dans la zone d’Azovè, au niveau des communes environnantes.
L’« Opération Bouclier » prévoit donc des manœuvres coordonnées sur plusieurs fronts pour la sécurisation des axes stratégiques, le démantèlement des cellules terroristes mobiles et surveillance renforcée des zones forestières susceptibles d’abriter des groupes hostiles. Pour le lieutenant-colonel Valère, il s’agit de restaurer un climat de confiance au sein des populations, tout en empêchant les groupes terroristes d’étendre leur influence au sud du Bénin.
Parallèlement aux opérations de terrain, les autorités ont rappelé l’importance du renseignement et de la collaboration avec les communautés locales, essentielles pour prévenir l’enrôlement forcé des jeunes et le développement de trafics illicites dans les zones frontalières.