Le Rwanda a jugé « stupide » ce mercredi 10 septembre 2025 la campagne menée par la République démocratique du Congo (RDC) à l’ONU, visant à faire reconnaître un prétendu « génocide » des Congolais dans l’Est du pays par Kigali et ses alliés.
Mardi 9 septembre, la RDC a dénoncé « des crimes massifs et systématiques » attribués « au Rwanda et à ses supplétifs ». Le ministre congolais des Droits de l’Homme, Samuel Mbemba, a regretté à Genève que le mot « génocide » n’ait pas été osé publiquement.
Kigali réagit vivement
Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a qualifié cette démarche de « stupide » : « Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsi ? Toutes ? Qu’on chercherait à détruire en tant que telles ? Vous comprenez à quel point cette proposition est absurde », a-t-il déclaré à l’AFP.
L’ambassadrice rwandaise auprès de l’ONU à Genève, Urujeni Bakuramutsa, a, elle aussi, dénoncé les accusations de génocide, les qualifiant de « ligne rouge ».
Enquêtes de l’ONU et bilan des violences
Une mission de l’ONU publiée le 5 septembre a fait état de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité « commis par toutes les parties », incluant le M23 soutenu par le Rwanda et l’armée congolaise ou ses affiliés.
Samuel Mbemba a cité les massacres de juillet dans le Rutshuru, où près de 300 civils ont été tués. Human Rights Watch a rapporté que le M23 aurait exécuté plus de 140 civils dans 14 villages près du parc national des Virunga, principalement des Hutu.
Depuis janvier, les affrontements ont provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés selon l’ONU.
Contexte historique
Les tensions dans l’Est de la RDC remontent au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui a fait environ 800 000 morts, majoritairement Tutsi et Hutu modérés. Des centaines de milliers de Hutu, dont certains génocidaires, ont fui en RDC et créé les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ciblées depuis par Kigali.
Le M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma en janvier et de Bukavu en février 2025, sans que Kigali ait jamais officiellement reconnu sa présence sur le sol congolais.