Invité sur le plateau de l’émission dominicale de Canal 3 Bénin, Jacques Ayadji, ministre-conseiller aux infrastructures et président du parti Moele-Bénin, a livré un entretien dense, parfois offensif, souvent politique, toujours stratégique. Face aux critiques de l’opposition, notamment celles des Démocrates, il a réaffirmé la cohésion de la mouvance présidentielle et défendu bec et ongles le bilan du régime en place. Sans détour, il se dit prêt à un débat contradictoire pour « être confondu devant le peuple béninois ».
Durant soixante minutes d’échanges intenses, Jacques Ayadji a passé en revue les projets d’infrastructure lancés depuis 2016, justifiant la dynamique gouvernementale en matière de routes, d’assainissement et de services numériques. Il a reconnu certains retards sur les chantiers, notamment à Tchaourou, mais a promis un suivi « à la culotte ». Il dit vouloir faire du 100 % de réalisation avant 2026. « Nous avons fait, et il est temps de faire savoir », insiste-t-il.
Pour lui, les transformations visibles dans les grandes villes du pays – et de plus en plus dans les zones rurales – témoignent de l’efficacité de l’action gouvernementale. De la digitalisation des services à l’assainissement de Cotonou, en passant par les routes bitumées, il assure que les Béninois vivent une véritable mutation.
« Nous avons une note largement supérieure à 17 sur 20 », estime-t-il.
Interpellé sur la mise sous mandat de dépôt de Richard Boni Ouorou dans une affaire présumée de corruption, Jacques Ayadji botte en touche. Il refuse de commenter une procédure en cours, rappelant que « la discipline républicaine commande le respect du secret de l’instruction ». Il défend néanmoins la présomption d’innocence et se dit « impressionné » par l’engagement politique de l’homme avant l’éclatement de l’affaire.
Opposition : entre désinformation et manque d’alternative
Ayadji réserve une salve musclée aux responsables du parti Les Démocrates, notamment à Nourénou Atchadé et Guèdègbé Moutairou. Il les accuse de « manipulation permanente », les soupçonnant d’alimenter des polémiques dans l’opinion publique pour masquer leur absence de projet crédible. Sur le chantier du nouveau siège de l’Assemblée nationale, il promet d’inviter les contestataires à une visite sur place car, affirme t-il, « je veux être confondu sur un plateau de télévision devant le peuple béninois ». Selon lui, le taux d’exécution en baisse s’explique simplement par l’élargissement du périmètre des travaux.
« Si on vous demande de construire une chambre et un salon, puis qu’on vous en demande deux autres en plus, votre taux d’exécution change forcément. »
À la veille des grandes manœuvres politiques, Ayadji reste énigmatique sur la stratégie de la mouvance présidentielle. Il rappelle que le président Patrice Talon est le « coach », seul habilité à définir le moment de l’annonce du ou des candidats. « Chaque camp a sa stratégie, et le silence peut en être une », dit-il.
Quant à l’éventualité d’une fusion des partis de la mouvance pour la présidentielle de 2026, Ayadji rejette toute nécessité. Il évoque plutôt la possibilité de soutenir un ou plusieurs duos de candidats, en fonction du diagnostic à venir.
Les cas Glo-Djigbé
Critiqué pour la gestion des zones industrielles et le traitement réservé aux producteurs de soja, Ayadji monte une nouvelle fois au créneau. Il justifie les mesures protectionnistes par la nécessité de préserver les industries locales et éviter que le dumping international ne les étouffe. « Le patriotisme économique, c’est produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons », martèle-t-il.
Quant aux salaires jugés bas à la GDIZ, il précise qu’il ne s’agit pas de salaires mais d’allocations versées à des apprentis envoyés en formation par l’État. Il dénonce une « volonté de nuire » dans la communication de l’opposition, et appelle à un débat public pour trancher. « Je ne ferai pas un débat avec quelqu’un qui ne sait pas de quoi il s’agit. Je veux avoir en face un vis-à-vis de bonne facture. »
Un appel au débat contradictoire
Jacques Ayadji conclut en lançant un défi clair à ses adversaires. Il veut en finir avec les monologues politiques sur les plateaux, et organiser de véritables face-à-face, respectueux du peuple. Pour lui, le choc des idées reste la meilleure voie pour éclairer les citoyens. « Il est temps que le peuple béninois ait droit à des débats contradictoires. »