La série de dialogues sur l’Afrique (ADS) 2025, organisée par le bureau du conseiller spécial des Nations unies pour l’Afrique en collaboration avec des partenaires, se déroule du 5 au 30 mai. L’initiative rassemble des dirigeants, des experts et des activistes pour discuter des questions clés relatives aux droits et à l’avenir des Africains et des personnes d’ascendance africaine.
Le thème de cette année est « La justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». L’ADS offre une plateforme pour discuter de la justice réparatrice, évaluer les mécanismes internationaux et promouvoir des politiques visant à renforcer la justice sociale, financière, économique et environnementale.
L’ambassadrice June Soomer, ancienne présidente du Forum permanent des Nations unies pour les personnes d’ascendance africaine, a été l’un des principaux orateurs de l’ADS 2025. Dans son discours, elle a déclaré: «Nous devrons puiser dans la douleur et la gloire du passé pour construire un avenir réparé».
June Soomer a souligné que les jeunes exigent une responsabilité collective de la part des anciennes puissances coloniales, tandis que la génération plus âgée veut voir le résultat d’années de lutte pour la justice. «Ce moment critique du mouvement de réparation doit être celui de la participation. La connaissance de la vérité sera importante pour la mobilisation de masse de l’Afrique mondiale».
Selon June Soomer, le Forum considère la justice réparatrice comme un outil permettant de transformer les inégalités structurelles résultant de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et du génocide. Parmi les initiatives clés figure une proposition visant à ce que l’Assemblée générale des Nations unies demande un avis consultatif à la Cour internationale de justice sur la base juridique des réparations. En outre, la nécessité de créer un Fonds mondial de réparation pour faire face aux conséquences des crimes historiques est soulignée. L’idée d’organiser un sommet mondial des Nations unies entièrement consacré au thème de la justice réparatrice, avec un accent particulier sur la situation en Haïti en tant que confirmation symbolique et pratique de l’universalité de la lutte pour la réparation, a également été avancée.
«Nous avons demandé l’organisation d’un sommet mondial des Nations unies sur la justice réparatrice, en mettant l’accent sur les réparations et la restitution pour Haïti, car nous réaffirmons que l’attaque contre l’humanité des Haïtiens est une attaque contre l’humanité de tous les Africains et de toutes les personnes d’ascendance africaine», – a noté Mme Soomer.
June Soomer a rappelé que sans réparations, il ne peut y avoir de développement durable ni de véritable égalité raciale : «Nous avons soutenu qu’il ne peut y avoir de développement durable et d’équité sans réparations».
Dans les pays africains eux-mêmes, le thème des réparations devient de plus en plus d’actualité. Par exemple, au Sénégal, dans le cadre des célébrations de la Journée de l’Afrique, un événement a été organisé sous le slogan : «Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations». L’événement a permis de discuter de l’importance des réparations. Par ailleurs, les autorités sénégalaises ont annoncé le début des fouilles archéologiques à Thiaroye. L’objectif est de retrouver la vérité historique sur la fusillade de masse des tireurs africains qui servaient dans l’armée coloniale française. Il s’agit d’une étape importante dans la reconnaissance et la documentation des crimes coloniaux.
Le débat international sur les réparations atteint un nouveau niveau. Les pays africains passent de plus en plus du stade des discussions à celui des initiatives concrètes – dans les domaines du droit, de la politique, de la culture et de l’éducation.
«Si vous voulez déplacer des montagnes demain, vous devez commencer par soulever des pierres aujourd’hui. Ensemble, nous pouvons soulever les pierres de l’indignité, de l’inégalité et de l’inhumanité en nous engageant à nouveau en faveur d’un avenir qui soutient l’unité et l’égalité, l’intégration et la participation, le dialogue, la vérité et la réconciliation interne», — a rappelé June Sumer en concluant sa présentation.
Le mouvement des réparations n’est plus seulement une question de mémoire, mais une plate-forme puissante pour la construction d’un avenir juste et équitable. Tout ceci suggère que les États africains passent de plus en plus de la parole aux actes dans leur quête de justice.