Le 2 juin à Istanbul, la Russie a rendu public un “mémorandum” listant ses conditions pour un cessez-le-feu avec l’Ukraine.
Ce document, transmis à la dernière minute, dévoile sans détour les objectifs politiques, territoriaux et militaires du Kremlin. La lecture du document montre que Moscou ne propose pas une paix négociée, mais bien une capitulation politique, militaire et diplomatique de l’Ukraine. Voici les principaux axes des exigences russes :
- Reconnaissance de l’annexion de la Crimée, du Donbass, de Kherson, de Zaporijjia, et de la “Novorossia”.
- Retrait complet de l’armée ukrainienne de ces territoires dans les 30 jours.
Le contenu de ce mémorandum reviendrait à légitimer une conquête militaire contraire au droit international, et à formaliser une perte territoriale majeure pour l’Ukraine. Le Kremlin entend imposer également à l’Ukraine, l’interdiction d’adhérer à toute alliance (ex : OTAN), interdiction de toute présence militaire étrangère ou de bases occidentales.
La Russie exige aussi le plafonnement des effectifs de l’armée ukrainienne, la fin de la livraison d’armes et des renseignements étrangers, la dissolution des milices dites “nationalistes” et démobilisation.
Le Kremlin veut également étendre son contrôle politique et institutionnel en Ukraine à travers l’organisation d’élections nationales sous supervision russe, dans les 100 jours après la levée de la loi martiale.
Le mémorandum mentionne également la révision de la politique linguistique et religieuse ukrainienne avec reconnaissance du russe comme langue officielle dans les zones concernées ainsi que la suppression des restrictions sur l’Église orthodoxe ukrainienne.
Le Kremlin cherche à restaurer une forme de russification symbolique dans les territoires conquis. Les autres exigences de la Russie se résument comme suit:
- Immunité juridique et réhabilitation internationale,
- Renoncement mutuel à toute demande de réparations de guerre,
- Levée des sanctions ukrainiennes contre la Russie,
- Rétablissement des relations économiques et diplomatiques, notamment sur le transit du gaz.
La prise en compte de ces exigences conduira à un cessez-le-feu de 30 jours instauré après la restitution de 6 000 corps de soldats ukrainiens. Ce cessez-le-feu serait conditionné au retrait ukrainien des régions annexées.
Le traité de paix final devra être entériné par le Conseil de sécurité de l’ONU. L’ensemble du processus est conçu pour être contrôlé par la Russie. Le mémorandum de Kremlin se présente alors comme un catalogue d’exigences maximalistes. Un contenu évidemment rejeté par les autorités de Kièv.