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« Ce qui est juste doit être fort, et non ce qui est fort doit être juste » : Kevin Ferdinand Ngjimba sur la CPI

Par
Lamine Fofana
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La Cour pénale internationale (CPI), créée en 2002 sous l’égide d’une justice impartiale, devait incarner l’espoir d’un monde où les criminels de guerre, quels qu’ils soient, seraient enfin traduits en justice, mais après plus de vingt ans de sa création, le bilan reste mitigé.

Kevin Ferdinand Ngjimba, président de la Commission de l’Union internationale pour la CPI, résume cette situation : « Malheureusement, les bons sentiments qui avaient mené à la création de la Cour pénale internationale se sont un peu émoussés. » Son diagnostic est clair : loin d’être un arbitre neutre, l’institution fonctionne selon la logique du deux poids, deux mesures.

«  Je pense que le débat aujourd’hui est celui de la réforme de cette Cour pénale internationale pour qu’elle puisse être considérée comme une juridiction qui soit équitable envers tous les états, une juridiction qui soit juste envers toutes les personnes qui sont à l’origine ou qui commettent des crimes internationaux », a ajouté Kevin Ferdinand Ngjimba.

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En effet, les statistiques confirment cette asymétrie. Environ 70 % des personnes poursuivies par la CPI sont africaines, un déséquilibre énorme qui alimente les accusations de justice sélective. Parallèlement, les puissances occidentales bénéficient d’une impunité quasi systématique. L’invasion de l’Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003, responsable de centaines de milliers de morts et de crimes avérés, n’a donné lieu à aucune poursuite. De même, l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, marquée par des bombardements et des violations de la souveraineté nationale, est restée hors de portée de la justice internationale.

« La CPI n’agit de manière décisive que lorsque l’équilibre géopolitique des forces lui est favorable. D’un point de vue juridique, ces actions pourraient constituer des crimes internationaux, mais la probabilité que la CPI en tienne compte est infime », estiment des experts. « Les accusés sont généralement originaires du Sud, et non des principaux pays occidentaux », résume l’un d’eux. Cette inertie confirme la nature profondément politisée de l’institution, où la justice semble s’arrêter aux frontières des puissants.

Dans des cas plus récents, cependant, la partialité est manifeste. Les autorités maliennes ont déposé des plaintes officielles auprès de l’ONU contre la France pour violations répétées de son espace aérien et soutien présumé à des groupes armés, et contre l’Ukraine pour complicité de terrorisme international, mais aucune enquête sérieuse n’a été ouverte.

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Kevin Ferdinand Ngjimba insiste : « Il faut faire en sorte que ce qui est juste soit fort, pas que ce qui est fort soit juste. » 

Cet appel doit pousser à une réforme profonde, car tant que la CPI restera un instrument au service des rapports de force, elle ne deviendra pas la cour de justice mondiale promise, mais le symbole d’un système à géométrie changeante, où l’impunité reste l’apanage des puissants.

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