Boukary Kaboré dit « le lion », commandant du Bataillon d’Intervention Aéroportée de Koudougou au moment des faits, a été entendu mardi, au tribunal, comme témoin dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. A la barre, le frère dame de Sankara déclare lui avoir proposé 3 scénarios pour éviter le coup d’Etat qui était tout, sauf imprévisible.
Le chef de la révolution burkinabé, Thomas Sankara, aurait pu éviter le coup d’Etat du 15 octobre 1987. Il avait l’opportunité d’échapper à son assassinat, selon le témoignage de Boukary Kaboré dit « le lion ». Ce vieux militaire qui a joué un rôle déterminant pendant la révolution sankariste, a déclaré que la menace d’une éventuelle exécution de Thomas Sankara par son compagnon Blaise Compaoré était prise très au sérieux dans son entourage.
Ainsi, trois scénarios auraient été proposés par Boukary Kaboré, alors commandant du Bataillon d’Intervention Aéroportée de Koudougou, à Thomas Sankara. La première était d’arrêter Blaise Compaoré. Mais Thomas Sankara en était foncièrement contre et aurait même menacé de représailles Boukary Kaboré si jamais, il touchait à un seul cheveu de Blaise.
La deuxième option est de le faire exiler au Ghana, à la volonté du président ghanéen qui lui aussi, était inquiet pour Sankara. Tout était planifié pour que Thomas Sankara séjourne dans l’ancien domicile de Kwame N’Krumah dans son village. Mais la réponse de Thomas Sankara était « NON ». « Il a dit qu’il préfère mourir dans son pays que d’aller à l’exil », se souvient Boukary Kaboré.
Thomas Sankara d’accord pour démissionner
La dernière option était que Sankara démissionne. « Si tu démissionnes là, tu donnes le pouvoir à Blaise. 72 heures seulement, il y aura soulèvement et la voie est libre », aurait proposé « le lion » qui confie qu’il lui avait proposé, s’il le voulait, de le faire à Koudougou, sous la protection du BIA. Pour une fois, Sankara aurait apprécié l’idée, et il aurait même prévu d’agir ainsi. « C’est le 14 octobre que Thomas Sankara devait démissionner », affirme Boukary Kaboré. Mais « les évènements l’ont surpris ».
Dans son témoignage, Boukary Kaboré a laisser entendre que Thomas Sankara semblait faire comme-ci de rien n’était malgré les maintes alertes qu’il a reçues. « Il a empêché l’action de tout le monde. C’est nous qui avons insisté, sinon il ne voulait même plus de garde », décrit “le lion”. « Quelque part je suis tenté de dire même que le gars là s’est suicidé », lance-t-il, amer.
Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso, Thomas Sankara est un homme d’État anti-impérialiste, révolutionnaire, socialiste, panafricaniste et tiers-mondiste voltaïque, puis burkinabè, chef de l’État de la République de Haute-Volta rebaptisée Burkina Faso, de 1983 à 1987. Les lignes semblent désormais bouger dans le procès de son assassinat dont le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré brille par son absence. Il serait atteint des troubles mentales, selon son entourage.
