La fusion politique entre le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) de Maître Adrien Houngbédji et l’Union Progressiste (UP), actée en grande pompe en 2022 pour donner naissance à l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), pourrait être juridiquement entachée de nullité.
C’est l’alerte lancée ce dimanche 8 juin 2025, par le juriste Landry Adélakoun, invité de l’émission Version Originale sur TVC. À ses yeux, ce rapprochement politique, au lieu de renforcer la cohésion partisane, aurait ouvert une brèche juridique aux implications lourdes.
Au centre de son analyse, l’expert en droit met en lumière une incompatibilité flagrante entre la procédure de fusion adoptée et le principe fondamental d’exclusivité d’appartenance politique, tel que défini à l’article 11 de la Charte des partis politiques: « Nul ne peut être membre de plus d’un parti politique à la fois. » Or, fait remarquer Landry Adélakoun, les statuts du PRD précisent clairement que la fusion avec l’UP n’entraîne pas la dissolution du PRD.
Cette disposition, récemment réaffirmée par une lettre officielle adressée au ministre de l’Intérieur par le président du PRD, Adrien Houngbédji, crée de facto une situation paradoxale: les militants du PRD se retrouveraient automatiquement membres de l’UPR sans que leur affiliation au PRD ne soit rompue. Une appartenance simultanée, juridiquement interdite.
« Le militant du PRD devient aussi militant de l’UPR, ce qui viole la Charte. Vous ne pouvez pas être membre de plus d’un parti politique », insiste Landry Adélakoun.
Une faille dans le contrôle du ministère de l’Intérieur
Le juriste ne s’arrête pas à ce constat. Il met directement en cause la vigilance du ministère de l’Intérieur, garant de la conformité des actes fondateurs des partis politiques. À l’appui, l’article 19 de la Charte des partis politiques, qui impose à l’administration un devoir de vérification et de cohérence des statuts lors de la réception des déclarations administratives.
« Le ministère devait s’assurer que cette fusion n’aboutissait pas à une situation de double appartenance. Ce contrôle semble avoir été négligé », déplore-t-il.
Pour Landry Adélakoun, cette irrégularité substantielle pourrait bien remettre en cause la légitimité juridique de l’UPR. Selon lui, même la possession d’un récépissé délivré au nouveau parti ne suffit pas à couvrir une irrégularité de fond. Si une autorité compétente venait à trancher, l’existence même de l’UPR pourrait être juridiquement annulée.
« En droit, un acte frappé de nullité est réputé n’avoir jamais existé », rappelle-t-il. Ainsi, la création de l’UPR, si elle s’avérait viciée, pourrait être rayée de l’ordre juridique.
La sortie médiatique du juriste s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le PRD et le ministère de l’Intérieur. Dans une lettre datée du 2 juin 2025 et consultée par Banouto, Adrien Houngbédji s’insurge contre une correspondance ministérielle affirmant que le PRD aurait cessé d’exister depuis la fusion.
« Écrire que le PRD a cessé d’exister est contraire à la réalité », affirme le leader historique du PRD, soulignant que le récépissé définitif du PRD date du 26 août 2022, postérieur à la signature du protocole de fusion.
Le 26 mai dernier, Joseph Djogbénou, président de l’UPR, s’est discrètement rendu au domicile de Me Houngbédji. Une rencontre à huis clos, symbole des fissures internes et des ajustements délicats qui agitent les deux camps.