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Analyse

Au Bénin, à quoi jouent Adrien Houngbédji et le PRD ?

Par
Paul Arnaud DÉGUÉNON
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À plus de 80 ans, Adrien Houngbédji semble refuser de tirer sa révérence en bousculant les lignes entre pouvoir et opposition dans un Bénin en quête de respiration démocratique. L’ex-président du Parlement remet en cause les choix du pouvoir qu’il a longtemps soutenu. Stratégie ou rupture ?

Fondé en 1990 dans la foulée de la Conférence nationale, le Parti du renouveau démocratique (PRD) d’Adrien Houngbédji s’est imposé comme l’un des piliers de la jeune démocratie béninoise. Maître Adrien Houngbédji, avocat de formation né en 1942, en est le président-fondateur et a joué un rôle majeur dans la vie politique du pays depuis plus de trois décennies. Il a été à trois reprises président de l’Assemblée nationale (1991-1995, 1999-2003 puis 2015-2019), occupant ainsi le perchoir plus souvent que tout autre homme politique béninois.

Il fut également Premier ministre sous le président Mathieu Kérékou (1996-1998) et candidat malheureux à plusieurs élections présidentielles, atteignant par exemple 36 % des suffrages face à Boni Yayi en 2011 (contre 53 % à ce dernier). Homme de dialogue réputé pour son modérantisme, Houngbédji – que d’aucuns surnomment le « patriarche » – s’est toujours présenté comme un artisan de paix et de consensus sur l’échiquier national.

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Avec son symbole de l’arc-en-ciel, le PRD a longtemps été le porte-voix d’une sensibilité centriste et progressiste, fortement ancrée à Porto-Novo et dans la région de l’Ouémé, et a participé à de nombreuses coalitions gouvernementales ou alliances d’opposition au gré des alternances du pouvoir.

De l’alliance avec le pouvoir aux premiers désaccords

Si le PRD s’est historiquement inscrit dans l’opposition (notamment face au régime du président Boni Yayi dans les années 2000), il a su à l’occasion se rapprocher du pouvoir en place. Adrien Houngbédji n’a pas hésité à s’allier à ses anciens adversaires lorsque la realpolitik l’exigeait – en témoigne son soutien décisif à Mathieu Kérékou lors du second tour de la présidentielle de 1996, qui lui valut le poste de Premier ministre l’année suivante.

Plus récemment, à la fin du mandat de Boni Yayi, Houngbédji a pu accéder à la présidence du Parlement en 2015 grâce à une coalition de partis opposés à Yayi. L’arrivée au pouvoir de Patrice Talon en 2016 a marqué également un tournant lorsque l’ex-chef de l’opposition Houngbédji se mue alors en allié de la nouvelle administration. Le PRD rejoint la mouvance présidentielle et apporte même son soutien officiel à la réélection de Patrice Talon en 2021.

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Dans le même temps, le président Talon engage de profondes réformes du système partisan pour réduire le morcellement politique. Ces réformes strictes – instauration d’un code électoral exigeant et obligation pour les partis de disposer d’une assise nationale – conduisent à une crise politique lors des législatives d’avril 2019, où seules deux formations pro-Talon ont pu concourir. Le PRD, n’ayant pas obtenu son récépissé à temps, s’est retrouvé exclu du scrutin, tout comme les autres partis d’opposition, privant Houngbédji de tout siège parlementaire pour la première fois depuis 1991.

Confronté à ce coup dur, le vieux parti a dû envisager sa survie sous une autre forme. En août 2022, Adrien Houngbédji accepte ainsi de fusionner le PRD dans le grand ensemble présidentiel de l’Union progressiste, rebaptisée pour l’occasion Union Progressiste le Renouveau (UPR). Cette décision – vécue comme un sacrifice par nombre de militants – visait à garantir une place au PRD dans la nouvelle configuration politique. Houngbédji justifie alors cette fusion en assurant qu’elle ne signifie pas la disparition de son mouvement.

« Nous sommes membres de l’UPR. Nous n’y sommes pas entrés pour en sortir. Nous y sommes pour y rester, mais pas pour disparaître » martèle-t-il début 2025 lors d’une rencontre avec ses partisans. Le logo même de l’UPR, orné d’un arc-en-ciel accompagné du mot « Renouveau », se veut un clin d’œil explicite à l’héritage du PRD au sein de cette coalition.

Grâce à cette stratégie d’alliance, Adrien Houngbédji est resté pendant plusieurs années un soutien indéfectible du régime Talon, cautionnant les grandes orientations de ce dernier. Il a par exemple voté (en tant que président de l’Assemblée nationale) les lois électorales et institutionnelles aujourd’hui critiquées pour leur sévérité envers l’opposition. L’intégration du PRD dans la majorité lui a permis de replacer certains de ses cadres aux affaires et de conserver une influence, du moins symbolique, sur la scène politique. Cependant, ce ralliement s’est fait au prix d’une perte d’autonomie certaine du parti arc-en-ciel, désormais fondu dans une méga-formation dominée par d’autres barons de la mouvance.

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Fin 2022 et en 2023, rien ne semblait distinguer le PRD – composante de l’UPR – de la ligne gouvernementale. Pourtant, à partir de l’année 2024, des fissures ont commencé à apparaître, prélude à un changement de posture plus prononcé en 2025.

Un discours qui détonne au sein de la mouvance

C’est véritablement en 2025 que le ton change du côté d’Adrien Houngbédji. Profitant d’occasions publiques, le leader octogénaire va exprimer des positions inattendues, en porte-à-faux avec la ligne du pouvoir qu’il avait jusqu’alors soutenue. Le 2 février 2025, lors de la cérémonie de présentation des vœux du PRD à Porto-Novo, Houngbédji surprend en dressant un réquisitoire contre le climat politique béninois. Il attribue la situation actuelle à « l’exclusion politique » et lance un plaidoyer pour la réconciliation nationale, appelant au retour des exilés et à la libération des prisonniers politiques.

« Ma conviction forte est qu’il faut sortir les prisonniers, ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. J’en appelle à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabre. C’est comme ça que nous avons réussi la Conférence », déclare-t-il à ses militants, invoquant la mémoire de la grande concertation de 1990.

Ces propos font écho à ceux formulés ces dernières années par les principaux opposants au régime – y compris les anciens présidents Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi, qui ne cessent de demander des mesures d’apaisement politique. Voir Houngbédji, jusque-là allié du pouvoir, embrasser à son tour ces revendications a de quoi étonner la classe politique.

La véritable rupture de ton intervient quelques semaines plus tard, le 15 avril 2025, lors du Sommet de la Jeunesse béninoise à Cotonou. Invité comme “grand témoin” de l’histoire politique nationale, Adrien Houngbédji prononce un discours très critique envers la gouvernance actuelle – une critique d’autant plus retentissante qu’elle émane d’un membre de la mouvance. « L’histoire politique du Bénin, 35 ans après la Conférence nationale : quel regard de 1990 à ce jour ? », tel était le thème de son intervention. Devant un parterre de jeunes, l’ancien président du Parlement exprime son inquiétude face à une démocratie qu’il juge en recul. Il fustige un « verrouillage législatif » qui restreint la participation politique et pointe du doigt le code électoral en vigueur, qu’il considère comme un instrument d’exclusion soigneusement élaboré pour marginaliser l’opposition.

« La démocratie, ce n’est pas éliminer ses adversaires en changeant les règles du jeu », lance Houngbédji sous les applaudissements.

Rappelant le précédent des législatives de 2019 – qu’il qualifie d’élections wahala (entachées de troubles) – il insiste sur la nécessité impérieuse d’un scrutin inclusif. Pour lui, « il faut forcément que l’opposition aille aux élections. Il n’y a pas de démocratie sans opposition » affirme-t-il, dans un alignement quasi parfait avec le discours de l’opposition radicale au régime Talon.

Houngbédji ne s’arrête pas là. Il exhorte également le gouvernement à libérer sans condition les détenus politiques et à permettre le retour en toute sécurité des exilés. Selon lui, le maintien de ces mesures d’exception porte atteinte à la cohésion sociale.

À 83 ans, celui qui a traversé tous les régimes rappelle avoir connu une époque – avant 2016 – où pouvoir et opposition parvenaient à coexister dans le respect mutuel. « J’ai présidé l’Assemblée nationale sous plusieurs présidents de la République, et nous avons toujours trouvé les voies du consensus et du respect mutuel. Mais depuis 2016, les choses ont pris une autre tournure… » déplore-t-il, dressant en creux le bilan d’une rupture qu’il impute à la gouvernance actuelle. Cette critique, fondamentale, vise le cœur du système mis en place par Patrice Talon, souvent accusé de museler ses adversaires par des lois sur mesure et des poursuites judiciaires.

L’intervention publique de Houngbédji connaît un fort retentissement médiatique. D’un côté, l’opinion publique opposée au pouvoir salue le « réveil » d’un vétéran qui ose dire tout haut ce que l’opposition dit depuis 2019. De l’autre, les réactions indignées fusent au sein du camp présidentiel, où l’on digère mal la leçon de démocratie donnée par un allié censé être fidèle. Selon des indiscrétions, ces déclarations ont suscité de vives tensions parmi les cadres de la majorité, certains accusant le “patriarche” Houngbédji de s’écarter dangereusement de la ligne du soutien au régime. Des membres du gouvernement auraient même tenu publiquement des propos injurieux à son égard, preuve de la crispation provoquée par cette sortie inattendue.

Face à cette fronde, le PRD ne tarde pas à réagir. Dans un communiqué officiel publié le 17 avril 2025, son Secrétariat général adjoint dénonce une « campagne de dénigrement » contre Adrien Houngbédji et exprime sa « profonde indignation » vis-à-vis des attaques personnelles dont celui-ci fait l’objet. Le parti y condamne des « propos injurieux et indignes » tenus par « certaines personnalités politiques, y compris des membres du gouvernement », qu’il juge contraires au débat démocratique civilisé. Rappelant que son leader est « un homme de paix et d’expérience » toujours prompt à prôner l’unité nationale et le dialogue, le PRD appelle au « respect mutuel » et invite les institutions de la République à faire cesser ces dérives verbales préjudiciables à l’image du pays.

En clair, le PRD assume totalement les propos de son président et se pose en garant de la liberté d’expression face aux attaques venues de son propre camp politique. Cette séquence inédite consacre l’existence d’un fossé entre Adrien Houngbédji (ainsi que la base PRD) et le reste de la mouvance présidentielle. Officiellement membre de la majorité, le vieux parti semble en réalité reprendre son autonomie de parole, quitte à braver la ligne du gouvernement.

Repositionnement stratégique, rapprochement tactique ou perte d’influence ?

Que faut-il comprendre de l’attitude d’Adrien Houngbédji ? S’agit-il d’un coup de poker politique finement calculé ou du baroud d’honneur d’un acteur en déclin ? Les avis divergent au sein des analystes et des acteurs politiques béninois.

Hypothèse 1 : la manœuvre de repositionnement

Pour nombre d’observateurs, Houngbédji chercherait avant tout à se repositionner politiquement en prévision des échéances à venir. À moins de deux ans des élections générales de 2026 (législatives couplées à la présidentielle), le vétéran sentirait le besoin de se distinguer du régime pour exister à nouveau sur la scène nationale. Le député Assan Séibou, membre de la majorité présidentielle, voit dans ces prises de position un calcul clair de positionnement. Adrien Houngbédji « cherche à redéfinir son image et à séduire une nouvelle base électorale », affirme-t-il dans une tribune, dénonçant « l’opportunisme politique » d’une telle volte-face.

De fait, Houngbédji semble vouloir soigner sa sortie du Talonisme afin de ne pas être emporté par une éventuelle vague de changement en 2026. En prenant dès maintenant ses distances avec les aspects les plus contestés du régime Talon (lois restrictives, exclusion de l’opposition, etc.), il espère sans doute se repositionner en sage de la nation au-dessus de la mêlée, rôle dans lequel il pourrait peser lors de la succession au sommet de l’État.

Cette stratégie du repositionnement préventif consisterait à regagner la confiance d’une partie de l’opinion publique opposée au pouvoir, sans rompre formellement avec la majorité – du moins pas avant l’échéance électorale. Un numéro d’équilibriste risqué, mais potentiellement payant si le vent tourne.

Hypothèse 2 : le rapprochement tactique avec l’opposition

D’autres estiment que Houngbédji cherche moins à s’isoler qu’à tisser de nouveaux liens – en l’occurrence avec l’opposition traditionnelle. Ses revendications récentes (réformes du code électoral, inclusion de tous les partis, libération des opposants) sont exactement celles portées par le principal parti d’opposition, Les Démocrates de Boni Yayi. En les endossant, le leader du PRD envoie des signaux de bonne volonté à ses anciens adversaires. Il est notable, par exemple, que les déclarations de Houngbédji en faveur des exilés et d’un dialogue national s’alignent sur celles formulées par Nicéphore Soglo et Boni Yayi ces derniers mois.

Plus concrètement, on assiste à un rapprochement personnel entre ces figures. Le 2 février 2025, l’ex-président Boni Yayi s’est rendu au domicile d’Adrien Houngbédji à Porto-Novo pour lui présenter ses vœux du nouvel an, une visite courtoise mais hautement symbolique qui s’est déroulée dans une ambiance « très fraternelle et conviviale ». Yayi n’a pas tari d’éloges envers celui qu’il appelle désormais son « grand frère ». Cette embrassade publique entre deux anciens rivaux acharnés de la présidentielle de 2011 laisse penser qu’une réconciliation politique est en marche. Houngbédji pourrait ainsi préparer une alliance tacite avec l’opposition en vue de 2026. Soit pour faire front commun contre un dauphin du régime Talon, soit pour peser dans les discussions sur les réformes à mener avant l’échéance.

En clair, le PRD chercherait à redevenir un faiseur de roi, capable de monnayer son soutien auprès de l’opposition après avoir longtemps secondé le pouvoir. C’est une stratégie de repositionnement externe en quelque sorte, un réalignement des amitiés politiques qui permettrait au PRD de ne pas être isolé le jour où la majorité actuelle se fracturera.

Hypothèse 3 : l’aveu d’une perte d’influence

Enfin, une troisième grille de lecture – plus cynique – voit dans ces mouvements de Houngbédji le symptôme d’une fragilisation de son poids politique. Pour ses détracteurs, s’indigner maintenant de l’exclusion de l’opposition relève d’une prise de conscience tardive et intéressée. Ils soulignent que le chef du PRD a été partie prenante de toutes les décisions majeures du régime de la Rupture. « Loin de l’exclusion, il a été intimement lié à la gestion du pouvoir de Patrice Talon », rappelle l’He Assan Séibou, notant que Houngbédji a soutenu les réformes et même fusionné son parti avec l’UP. Voir aujourd’hui l’ancien président de l’Assemblée dénoncer des lois « liberticides » qu’il a lui-même contribué à faire adopter en son temps prête à accusation. « Il semble maintenant vouloir se distancier des réformes qu’il a lui-même soutenues », déplore Séibou, qui y voit une contradiction majeure.

Du côté du pouvoir, certains y lisent surtout la frustration d’un allié écarté. En effet, malgré la fusion de 2022, le PRD n’a pas obtenu de positions déterminantes. Aucun ministère de premier plan pour ses cadres, et lors des législatives de janvier 2023, l’UPR n’a remporté que quelques sièges dans le fief traditionnel de Houngbédji, l’Ouémé, face à l’opposition. En clair, l’opération de sauvetage du PRD au sein de la majorité s’est soldée par un bilan mitigé, voire un « fiasco » comme le concèdent certains partisans désabusés. Dès lors, selon ses critiques, Houngbédji ferait volte-face par opportunisme, pour tenter de reconquérir une influence déclinante.

L’octogénaire jouerait sa propre survie politique, conscient qu’il n’occupe plus aucune fonction officielle et que son parti, dissous, n’a d’existence que par lui.

Ces critiques rappellent d’ailleurs que ce n’est pas la première volte-face de l’homme. Par le passé, Houngbédji avait déjà rejoint la majorité présidentielle en 2003 après des années d’opposition, puis s’était replié dans l’opposition sous Yayi, avant de rallier Talon en 2016. Cette capacité à “manger à tous les râteliers”, disent-ils, entame sa crédibilité. On évoque ainsi un « marchandage politique » permanent de la part du leader du PRD, qui noue et défait les alliances selon ses intérêts du moment. Sa récente indignation serait donc, aux yeux de ses adversaires, moins dictée par des principes démocratiques que par la déception de ne plus faire partie du premier cercle du pouvoir.

Quid de l’avenir du PRD ?

Au-delà de la personne d’Adrien Houngbédji, c’est l’avenir même du PRD qui est en jeu dans cette nouvelle posture. Fondé en 1990, le parti a officiellement disparu en tant que structure autonome lors de sa fusion dans l’UPR en 2022. À première vue, le PRD en tant que tel n’existe donc plus, absorbé dans une formation plus large. Cependant, Houngbédji ne cesse de le répéter que son parti de toujours « ne disparaîtra pas ». Il revendique haut et fort la survie de l’identité PRD au sein de l’UPR : l’arc-en-ciel du logo, la mention « Renouveau » accolée au nom de l’Union Progressiste, tout cela « n’est pas venu là par hasard », souligne-t-il.

Pour lui, le PRD reste une famille politique, une idéologie et un réseau militant, même s’il n’est plus un sigle sur les bulletins de vote. Sa récente phrase – « Nous sommes dans l’UPR pour y rester, mais pas pour disparaître » – résume toute l’ambition du chef à savoir maintenir vivante la flamme du PRD en attendant des jours meilleurs. Et de fait, malgré la fusion, Houngbédji continue d’entretenir cette flamme.

« Loin d’une dissolution totale du PRD dans la nouvelle structure politique, le leader historique semble entretenir une flamme toujours vive, prête à rallumer l’enthousiasme de ses militants » note un journaliste local après son discours de février 2025.

Quelles pourraient être les issus de cette situation à moyen terme ? Plusieurs scénarios se dessinent pour le PRD.

La voie de la résilience interne

Houngbédji pourrait choisir de rester au sein de l’UPR tout en y faisant valoir, de l’intérieur, les valeurs du PRD. Cette option prudente consisterait à peser de tout son poids moral pour infléchir la ligne de la majorité, obtenir l’assouplissement du code électoral et la réintégration progressive d’une opposition légale. Si le pari réussit et que l’espace politique s’ouvre à nouveau, le PRD, même intégré dans l’UPR, pourra revendiquer d’y avoir contribué. Toutefois, ce choix comporte le risque de la dilution totale  car à force de rester dans l’ombre de l’UPR, le PRD pourrait perdre ce qu’il lui reste de visibilité et finir par se confondre avec sa nouvelle famille politique.

La renaissance du PRD sur la scène électorale

Beaucoup spéculent sur un retour en solo du PRD une fois le président Patrice Talon sur le départ. 2026, qui marquera théoriquement la fin du dernier mandat de Talon, apparaît comme un tournant. D’aucuns avancent qu’ après 2026, Houngbédji voudrait que le PRD retrouve son indépendance. Concrètement, cela impliquerait de ressusciter le parti (ou d’en créer un nouveau sur les mêmes bases) et de se lancer à nouveau dans l’arène électorale sous les couleurs du « Renouveau ». Un tel scénario supposerait toutefois que le cadre légal le permette car aujourd’hui, la création de nouveaux partis et l’obtention du fameux récépissé sont soumises à des conditions draconiennes. Il faudrait donc soit une évolution législative (que Houngbédji appelle de ses vœux), soit une détermination sans faille des militants PRD pour reconstruire l’appareil partisan.

Par ailleurs, le PRD version 2.0 devrait reconquérir son électorat traditionnel, notamment dans l’Ouémé et le Plateau. Ces bastions, naguère acquis à Houngbédji, ont en partie basculé aux mains du jeune parti Les Démocrates lors des dernières législatives. Le défi serait de rallier à nouveau ces populations en capitalisant sur la nostalgie de l’ère PRD et sur le mécontentement contre la gestion de la rupture.

Le rôle d’arbitre ou d’allié pivot

Si le PRD ne redevient pas un parti indépendant à part entière, il pourrait néanmoins jouer un rôle d’allié pivot dans les recompositions à venir. On peut imaginer, par exemple, que Houngbédji et ses fidèles servent de trait d’union dans une grande coalition anti-Talon si le camp présidentiel venait à se fracturer à l’approche de 2026. Grâce à son statut d’ancienne figure de la mouvance ET de l’opposition, Houngbédji dispose d’un profil transversal unique. Il est l’un des rares à pouvoir encore dialoguer avec tout le monde à savoir les barons du pouvoir (dont il a partagé le combat ces dernières années) comme les ténors de l’opposition historique (avec qui il refait cause commune sur les principes).

Cette position médiane pourrait le rendre indispensable dans les tractations de couloir – par exemple pour désigner un candidat de consensus ou pour préparer une transition apaisée. Dans cette optique, l’étiquette partisane du PRD importe moins que le leadership de Houngbédji lui-même, en tant que patriarche respecté. Le risque pour le PRD serait qu’après Houngbédji, le parti ne lui survive pas car jusuque là, aucun dauphin naturel ne s’est imposé et la nouvelle génération a en grande partie migré vers d’autres horizons politiques.

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