Élu président de la République par le Congrès le 3 mai 2025, Jean-Lucien Savi de Tové ne dispose à ce jour d’aucun palais présidentiel ou lieu de travail officiel.
Alors que le Togo a officiellement basculé en régime parlementaire, confiant désormais le pouvoir exécutif au président du conseil – fonction occupée par Faure Gnassingbé – la fonction présidentielle, bien qu’honorifique, conserve un rôle symbolique majeur. Pourtant, près de deux semaines après sa prestation de serment, Jean-Lucien Savi de Tové n’a toujours pas de lieu de résidence ou de travail dédié.
Selon plusieurs sources proches du dossier, les autorités togolaises envisageraient de lui attribuer une résidence dans l’une des deux cités administratives modernes de Lomé, notamment la cité Millennium. Mais aucune décision définitive ne semble arrêtée. En attendant, le président Savi de Tové réside toujours dans sa maison personnelle située dans un quartier populaire de la capitale.
Cette situation fait réagir. De nombreuses voix s’étonnent que le chef de l’État ne soit pas accueilli dans l’un des deux palais présidentiels historiques du pays. Le palais de Kégué, luxueux complexe construit sous l’ère de Gnassingbé Eyadéma, est aujourd’hui occupé par Faure Gnassingbé, tandis que le palais de la Marina, situé au bord de mer et inoccupé, continue d’abriter certains services présidentiels. Aucun des deux ne semble pourtant envisagé pour accueillir le président de la République.
Une incongruité institutionnelle
Le paradoxe soulève une question de fond : quelle place accorde-t-on réellement à l’institution présidentielle dans le nouveau régime parlementaire togolais ? Selon des analystes, la situation actuelle jette une ombre sur l’image des institutions républicaines. D’autant plus que le président du conseil, équivalent du Premier ministre dans ce système, cumule aujourd’hui l’usage de plusieurs résidences officielles à savoir le palais de Kégué, la Marina et la résidence privée familiale de Lomé 2.
Cette disproportion renforce le sentiment d’un déséquilibre symbolique au sein de l’exécutif : un chef de l’État sans bureau officiel ni adresse présidentielle, face à un chef du gouvernement qui centralise tous les leviers du pouvoir, y compris logistiques.
Certains observateurs vont jusqu’à dénoncer une instrumentalisation de la fonction présidentielle. Selon eux, Jean-Lucien Savi de Tové aurait été choisi pour incarner un rôle purement symbolique, dans un contexte de transition institutionnelle voulu par le pouvoir. L’absence d’une présidence clairement définie, y compris dans ses attributions matérielles, viendrait en renforcer l’illustration.
Pour l’heure, aucune communication officielle ne précise où sera installée la présidence de la République, ni si l’un des palais historiques lui sera finalement attribué. En attendant, c’est une figure politique d’expérience, respectée mais isolée, qui occupe cette charge. Et un flou persistant autour des modalités d’exercice de sa fonction, dans un pays toujours marqué par l’héritage de plus de cinq décennies de pouvoir présidentiel centralisé.