Alors qu’elle avait menacé d’expulser les envoyés des Etats-Unis, de la France et de 8 autres pays pour des affaires d’ingérence, la Turquie vient de joindre l’acte à la parole en déclarant ces diplomates « persona non grata ».
Selon l’agence russe RT, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’il avait demandé au ministre des Affaires étrangères de déclarer 10 ambassadeurs, dont l’envoyé de Washington, « persona non grata » suite à une rare déclaration conjointe appelant à la libération d’une figure de l’opposition emprisonnée.
« J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer ces 10 ambassadeurs persona non grata dès que possible », a déclaré ErdoÄŸan samedi, se référant à un terme utilisé en diplomatie qui signifie la première étape avant l’expulsion. Cette déclaration intervient après que les autorités turques avaient indiqué plus tôt leur désapprobation de l’attitude des diplomates et avaient menacer de les expulser.
En effet, lundi soir, les ambassades des États-Unis, du Canada, de France, de Finlande, du Danemark, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande, de Norvège et de Suède ont demandé, dans une déclaration commune, la libération de l’homme d’affaires turc Osman Kavala, qui est emprisonné depuis quatre ans maintenant pour son rôle présumé dans les manifestations du parc Gezi en 2013 et les émeutes qui ont suivi.
Le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué mardi les ambassadeurs de ces pays, accusant les pays d’ingérence dans la justice turque. Dans un communiqué, le ministère a indiqué qu' »un groupe d’ambassadeurs à Ankara, qui a publié hier soir une déclaration conjointe, contrairement aux pratiques diplomatiques, concernant une affaire en cours dans notre pays, a été convoqué ce matin au ministère des Affaires étrangères ».
« Il a été dit que cette déclaration illimitée concernant une procédure judiciaire menée par la justice indépendante est inacceptable, cette déclaration qui tente de politiser les procédures judiciaires et de faire pression sur la justice turque est rejetée, et que cette déclaration est également contraire à l’état de droit, la démocratie et l’indépendance de la justice que les ambassadeurs prétendent défendre », a-t-il déclaré.
« Comme indiqué dans notre constitution, il a été souligné que la Turquie est un État de droit démocratique qui respecte les droits de l’homme, et il a été rappelé que la justice turque ne serait pas affectée par de telles déclarations irresponsables », a-t-il ajouté.
Ankara a également souligné que les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) sont souvent ignorées et non mises en Å“uvre, affirmant que se concentrer uniquement sur les affaires liées à la Turquie pour garder l’affaire Kavala à l’ordre du jour à tout moment est « un manque de sincérité et double -approche standard » et que les ambassadeurs avaient été avertis de « rester dans les responsabilités de leurs fonctions ».