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Dakar hausse le ton pour la justice et des réparations dignes du massacre de Thiaroye

Par
Charlie TOURE
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Le 19 avril 2025, à Dakar, une conférence panafricaine d’une rare intensité a donné naissance à un communiqué fort, adopté en clôture d’une table ronde entièrement dédiée au massacre de Thiaroye. Ce moment marque une avancée majeure dans la reconnaissance des crimes coloniaux et la construction d’une mémoire partagée, ancrée dans la justice.

Sous le titre évocateur « Pour une Justice Historique et des Réparations Dignes : Le Cas de Thiaroye et l’Enjeu d’une Mémoire Partagée », le texte exhorte les autorités sénégalaises, françaises et internationales à briser enfin le mur du silence, à faire œuvre de vérité et à poser des actes concrets de réparation.

Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, reste l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire coloniale française : des tirailleurs sénégalais, démobilisés après avoir combattu pour la France, furent tués par l’armée coloniale alors qu’ils réclamaient simplement leur solde. Longtemps étouffé, ce drame a été reconnu, mais reste orphelin de justice.

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Le communiqué, fruit d’un large consensus, décline six recommandations structurantes :

  1. La création d’un Centre national pour la Mémoire, la Justice et les Réparations, chargé de documenter les violences coloniales, d’éduquer les jeunes générations et de piloter une politique nationale de réparation.
  2. La déclassification totale des archives sur Thiaroye, avec la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les faits.
  3. La reconnaissance officielle des droits des tirailleurs et de leurs descendants, avec des indemnisations, des honneurs posthumes et un accompagnement administratif.
  4. L’ancrage de cette mémoire dans l’espace public, par le biais des manuels scolaires, des médias et des institutions culturelles.
  5. Le lancement d’une initiative panafricaine pour la justice historique au sein de l’Union africaine, avec une plateforme dédiée à la coordination des efforts diplomatiques.
  6. L’inscription du dossier à l’agenda international, via l’UNESCO et l’ONU, et la création d’une Journée africaine de la mémoire.

Lors de cette rencontre, plusieurs voix se sont élevées avec force. Mohamed Goloko a dénoncé la falsification persistante de l’histoire : « La France a refusé de verser les indemnités dues aux soldats africains. » Pour Fadel Barro, l’heure est à l’union continentale : « Il est injuste de traiter les Noirs ainsi. Les Africains doivent se mobiliser. »

Abdoulahi Diene a proposé que 2025 soit « l’année des réparations », appelant à une pression concertée sur l’Union européenne et les Nations unies. Quant à Alphousseny Badji, il a lié cette lutte mémorielle à la bataille monétaire : « Tant que nous utiliserons le franc CFA, nous resterons sous tutelle. »

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Le message de Dakar dépasse le cadre du souvenir. Il rejoint une dynamique panafricaine, observée notamment au Mali, où les revendications pour les réparations coloniales se multiplient. Il s’étend aussi aux luttes contemporaines, comme celle contre les ravages environnementaux causés par certaines sociétés françaises, dont Eramet, et contre les ingérences étrangères dans les crises régionales du Sahel.

À travers ce communiqué, Dakar affirme une volonté claire : transformer la mémoire en levier de diplomatie, de souveraineté et de dignité. « Le devoir de mémoire n’est pas un luxe du passé, mais une exigence de justice pour l’avenir », rappellent les signataires.

Dakar n’oublie plus. Dakar réclame. Et avec elle, l’Afrique toute entière.

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